Focus sur les troubles musculosquelettiques et leur prévention

Les TMS représentent la première cause d’indemnisation pour maladie professionnelle en France. Bien que largement méconnus, ils affectent des millions de travailleurs et coûtent des milliards d’euros aux employeurs. Que sont exactement les troubles musculosquelettiques ? Comment les prévenir ? Réponses avec les experts de la MCEN.

Que sont les troubles musculosquelettiques (TMS) ?

Il s’agit de blessures ou de troubles affectant les muscles, les nerfs, les tendons, les articulations, le cartilage et les disques spinaux. Les TMS touchent principalement, de manière plus ou moins importante, le dos, le cou, les épaules, ainsi que les membres supérieurs (coudes, mains, poignets) et inférieurs (genoux, hanches).

Les TMS les plus courants sont :

  • le syndrome du canal carpien: il s’agit d’un trouble qui se manifeste par la compression du nerf médian au niveau du poignet. Il peut entraîner un engourdissement, des picotements, une faiblesse ou une atrophie musculaire de la main et des doigts.
  • les blessures au dos et maux de dos: Les symptômes du dos font partie des dix principales raisons des visites médicales. Chez 1 patient sur 10, le mal de dos est chronique. Par ailleurs, 20 % des accidents de travail sont liés au mal de dos.
  • l’arthrite: le terme est utilisé pour décrire plus de 100 maladies rhumatismales et affections des articulations. L’arthrite est la cause d’invalidité la plus courante. Certaines professions sont associées à une prévalence accrue d’arthrite, le plus souvent du genou et/ou de la hanche : agriculture, BTP, secteur des services…

Quels sont les facteurs de risques ?

L’activité professionnelle joue un rôle important dans l’apparition, la durée et l’aggravation des TMS. L’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) classe les facteurs de risque selon 4 catégories :

  • biomécaniques: travail statique, gestes répétitifs, port de charges lourdes, mauvaises postures…
  • psychosociaux: manque d’autonomie et/ou de soutien social, monotonie du travail, pression temporelle…
  • organisationnels : manque de pauses, manque d’alternance entre des taches fatigantes, durée de travail excessive…
  • individuels: les caractéristiques intrinsèques de chaque individu peuvent augmenter le risque de TMS (diabète, fractures, âge, état de santé général, genre…).

troubles musculosquelettiques

Les TMS professionnels

Les TMS reconnus d’origine professionnelle sont des conditions dans lesquelles :

  • l’environnement de travail et l’exécution du travail contribuent de manière significative à la condition, et/ou
  • la condition est aggravée ou persiste plus longtemps en raison des conditions de travail.

Selon l’Assurance maladie, les TMS d’origine professionnelle représentent 95 % des indemnités journalières liées aux maladies professionnelles reconnues. Ils coûtent chaque année deux milliards d’euros et causent la perte de 22 millions de jours de travail. Par ailleurs, les TMS sont responsables de 30 % des arrêts de travail.

Comment prévenir les TMS ?

Les TMS en entreprise doivent être envisagés d’un point de vue global. En plus de l’étape du diagnostic, une démarche à trois niveaux est largement acceptée comme stratégie d’intervention pour réduire, éliminer ou maitriser les risques sur le lieu de travail.

Niveau 1 : les contrôles techniques

L’approche privilégiée pour prévenir et contrôler les TMS est de concevoir le travail de manière à tenir compte des capacités et des limites de la main d’œuvre à l’aide de contrôles techniques. Cela peut inclure :

  • changer la façon dont les matériaux, les pièces et les produits peuvent être transportés. Par exemple, utiliser des dispositifs d’assistance mécanique pour soulager le port de charges lourdes. Mais aussi diminuer la masse des objets ou le nombre de manutentions par jour ;
  • modifier la disposition du poste de travail, incluant l’utilisation de plans de travail et de sièges ajustables en hauteur, l’adaptation des outils et la réduction de la distance qui les sépare du plan de travail ;
  • adapter certains équipements au risque. Par exemple, en utilisant des outils ou des sièges atténuant les vibrations.

Niveau 2 : les contrôles administratifs

Les stratégies de contrôle administratif sont des politiques et des pratiques visant à réduire les risques de TMS, mais n’éliminent pas les dangers sur le lieu de travail. Par exemple :

  • réduction de la durée de travail ou limitation du nombre d’heures supplémentaires ;
  • réduction de la fréquence de répétition des tâches ;
  • modification des règles et des procédures de travail telles que la multiplication du nombre de pauses pour faciliter le repos et la récupération ;
  • rotation des travailleurs dans des tâches physiquement fatigantes ;
  • formation à la reconnaissance des facteurs de risques des TMS et instructions sur les pratiques et techniques de travail pouvant alléger les exigences ou le fardeau de la tâche.

Niveau 3 : les équipements de protection individuelle EPI

L’EPI constitue généralement une barrière entre le travailleur et la source du danger. Les respirateurs, bouchons d’oreille, lunettes de sécurité, tabliers de protection chimique, gants chauffants, chaussures de sécurité… sont autant d’exemples d’EPI permettant de limiter l’exposition à certains risques professionnels.